Bienveillance au travail à l’épreuve de la crise

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Tandis que c’est la crise…

Vous êtes en crise !

Ce matin, vous vous rendez au travail et vous êtes fâché, mais alors très fâché. Vous êtes même en colère.

Dans un contexte pandémie, autorités et médias vous exhorte à rester chez vous. Vous comprenez, vous êtes en phase avec la recommandation et surtout vous vous sentez investi d’une responsabilité, d’un devoir citoyen.

Vous regardez votre messagerie professionnelle le 1er jour, puis le 2e jour … Finalement, vous ne recevez de directive de votre employeur que le 3e jour à 23h : « Lavez-vous les mains et mangez chacun à votre bureau ».

Tout cela pour ça…

Vous pensiez recevoir un discours engageant avec des prises de positions fortes. Vous en attendiez plus de votre employeur. Ce serait normal, non au regard de la crise inédite que nous traversons ?

Il n’en est rien. Et votre manager de proximité… Il est où d’ailleurs ? Il semblerait qu’il ait disparu de la circulation… Allo ? Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

Vous êtes déçu… Très déçu…

Et vous repensez à vos premiers jours dans cette entreprise où vous aviez le sentiment d’avoir rejoint une « bonne boîte » qui se remet en question, qui accepte la diversité, qui a de vraies valeurs, qui prenait ses responsabilités en tant qu’employeur… Vous assistiez alors à des séminaires, des réunions favorisant la bienveillance, les soft kills, l’agilité, la conduite du changement, l’engagement

En un rien de temps, vos espoirs sont anéantis …

La bienveillance au travail, on en parle mais qu’est-ce que c’est ?

Avoir de la bienveillance, c’est avoir une disposition particulièrement favorable à l’égard de quelqu’un. C’est la capacité à se montrer indulgent, gentil et attentionné envers autrui et ce, de manière totalement désintéressée et compréhensive. C’est aussi à mon sens, avoir une prédisposition positive à l’égard des autres, leur laisser le bénéfice du doute.

Dans leur ouvrage « La bienveillance en entreprise : Utopie ou réalité ? » de P. M. Chavanne et O. Truong, elle est qualifiée ainsi : « la bienveillance fait référence à l’attitude qui consiste à chercher le bien de l’autre, qui vise à le faire grandir en s’appuyant sur ses qualités et en l’aidant à dépasser ses limites ».

La pratique de la bienveillance au travail a une influence directe sur la performance de l’entreprise.

Mais la bienveillance au travail, c’est aussi la dernière tendance en matière de management, elle est associée au bien-être au travail, au « slow management », au « care ». Depuis quelques années, ce mouvement au départ anglo-saxon, qui vise à lutter contre le stress et la souffrance au travail, prend de l’ampleur.

La bienveillance au travail alimente également de nombreux débats de chercheurs et prend toute son importance dans un contexte global d’accroissement des exigences en matière de performance et de productivité et de désengagement des collaborateurs envers leur entreprise. Selon l’étude annuelle de Malakoff Mederick ce dernier ne cesse de s’éroder depuis 2009. 

Quand les mots ne sont que stratégie et tendance du moment…

Mais force est de constater que parfois, il ne semble s’agir que d’un phénomène de mode.

Et pourtant, on en parle ces dernières années de bienveillance au travail ! Il existe même un classement « Best workplace » réalisé par l’institut Great place to work. Tout employeur se doit aujourd’hui de cultiver la bienveillance, il en va de son efficacité, sa productivité, son image de marque, son attractivité…

La bienveillance au travail devient un fer de lance dont on se targue au quotidien pour redorer son image, attirer les talents, les investisseurs, les partenaires commerciaux, les clients…

Mais bien souvent les messages véhiculés par les entreprises ne correspondent en rien à la réalité vécue par leurs salariés.

Selon une étude menée par Weber Shandwick et KCR Research auprès de 2000 salariés dans 19 pays différents, on parle d’un « décalage absolu » entre la communication de leur entreprise et la réalité vécue.

Car dans la réalité, on peut en parler tant qu’on veut, tant que la démarche n’est pas sincère et désintéressée, elle n’apportera que son lot de revers et de contrariétés, creusera davantage le fossé entre employeurs et salariés et accentuera leur désengagement.

Mais qu’est ce qui empêchent le développement d’une notion aussi essentielle et fondamentale que la bienveillance ?

Tout d’abord une attitude bienveillante présuppose que l’on abandonne le système « commander et contrôler ». Cela présuppose également une exemplarité de l’équipe dirigeante sur ce sujet pour un déploiement vers l’ensemble des managers. La bienveillance est un management beaucoup plus impliquant.

Il est également nécessaire de laisser une certaine liberté aux collaborateurs. Organisations très hiérarchisées et structures en silo sont de vrais freins car ils sont le signe d’un réel manque d’empathie.

Enfin la rigidité des process et leur multiplicité constituent également un frein à l’adoption d’une attitude bienveillante. Car celle-ci implique une certaine forme de lâcher prise. Les collaborateurs se retrouvent ainsi pris dans des injonctions paradoxales, entre d’un coté une communication qui prône la bienveillance et de l’autre un manque total de flexibilité.

Mais aujourd’hui, qu’attendons-nous de notre manager ?

Aujourd’hui, un collaborateur pour se sentir épanoui et trouver un sens à son emploi sera sensible aux qualités de son manager :

  • Celui-ci devra se montrer optimiste en toute situation, exemplaire, honnête, juste, fiable et transparent.
  • Le manager devra être capable de prendre des décisions, de les assumer. Il devra se montrer courageux.
  • Il devra reconnaître le travail accompli, encourager, féliciter mais également responsabiliser son équipe.
  • Il devra favoriser l’équilibre vie professionnelle et personnelle et accompagner ses collaborateurs dans le développement de leurs compétences.
  • Le manager devra inspirer ses équipe, s’affirmer tel un mentor, un leader.

La bienveillance en temps de crise

Aujourd’hui, dans ce contexte si particulier, c’est le moment pour nos employeurs de démontrer s’ils pratiquent réellement la bienveillance au travail de façon sincère et désintéressée ou s’il ne s’agit au contraire que du perfectionnement d’une image de marque.

Alors que les employeurs doivent garantir et assurer la sécurité de leurs employés, ils ont l’occasion aujourd’hui de montrer et d’affirmer à leurs collaborateurs à quel point ceux-ci peuvent compter sur leur entreprise.

Et maintenant, nous connaîtrons les vrais entreprises bienveillantes

Face a cette crise, les vraies tendances se dessinent : des réactions tardives des entreprises, des mesures insuffisantes, des managers qui fuient leur responsabilité, une rigidité des process et des applications, une incapacité à modifier leur fonctionnement, à s’adapter, un manque de confiance en ses collaborateurs a qui on en demande par contre toujours plus.

Celles qui se préoccupent réellement du bien-être et de la sécurité de leurs employés…

Pour être productifs les salariés ont besoin de se sentir bien, ils ne peuvent se rendre au travail en ayant peur, ou en étant en colère pour les risques qu’on leur demande de prendre. Ils ont besoin d’avoir foi en leur entreprise et foi dans les mesures qu’elle mettra en place pour assurer leur sécurité.

Pour être impliqué dans sa mission, tout collaborateur a également besoin de bienveillance et surtout de trouver un vrai sens à son travail.

Aujourd’hui, nous sommes à un tournant, une fois la crise passée, chacun fera le constat de sa situation et le bilan de sa relation avec son employeur :

  • Ai-je envie de suivre mon manager ?
  • Mon entreprise se soucie t’elle de ma sécurité ?
  • Puis-je compter sur mon entreprise dans les moments difficiles ?
  • Mon entreprise est-elle capable de s’adapter et de se remettre en question ?
  • Mon entreprise me fait-elle confiance ?
  • Ai-je envie encore de tout donner ?
  • Ai-je envie encore de m’impliquer, de m’investir et de me battre pour elle ?
  • Que fait-elle pour moi en échange ?

Et vous ? une fois la crise terminée, qu’aurez vous envie de donner à votre management ?

A très vite pour vos commentaires,

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