La peur ou le monologue du poisson

J’accepte la grande aventure d’être moi.

Simone de Beauvoir

Cet article participe à l’évènement interblogueur organisé par le blog Si j’osais d’Emeline DAVIET sur le thème “Si je n’avais pas peur“.

le monologue du poisson

Si je n’avais pas peur …

Je suis dans mon aquarium. Je tourne en rond. 
Je sais chaque contour de mon bocal, chaque recoin.

Je connais tous les chemins. 
Je n’ai pas à avoir peur, l’eau est douce. Je suis dans mon élément, dans ma zone de confort. J’y ai famille, travail et habitudes. Je suis en terrain connu. 
Que demander de plus ? 

Sortir de mon aquarium ? Mais quelle idée ?
Mon aquarium m’entoure et me protège. Je ne connais que mon aquarium. 
Non, vraiment, je suis si bien ici. 
Dans mon aquarium, je suis dans ma maison, il ne peut rien m’arriver… 

Du moins…, il ne peut rien m’arriver que je ne connaisse déjà… 
Et puis qui sais ce qu’il y a dehors ?

Cet aquarium est certainement là pour mon bien, j’y ai toujours été, il a toujours été là pour moi.


Bien sûr, je souhaiterais avoir plus d’espace pour voyager, plus de temps avec mes enfants, moins de brimades de mon conjoint, moins de compétition au travail, moins de personnes dans la salle d’attente du médecin, plus de beurre dans les épinards, plus de temps pour moi…
Mais on ne peut jamais avoir tout ce que l’on souhaite.

De toute façon, je ne saurais comment en sortir… 

Finalement, je me demande si je ne suis pas enfermée dans mon aquarium.

A force, je la connais par cœur cette eau stagnante.
Je sais mon chemin par cœur et je sais tout ce qu’il va ou peut m’arriver dedans.

Il n’y a aucun suspens. Je peux fermer les yeux et nager en pilote automatique.

Rien de ce que je fais n’a de sens.

A quoi bon s’attacher à ce que l’on fait, des reportings, des lessives, des supermarchés, des séries télés, peu importe, je suis inondée de fils d’actualités.

Je peux me noyer même sans marée, je peux tout aussi bien me noyer aussi dans un verre d’eau.

Tout cela me convient-il réellement ?

Suis-je heureuse dans mon aquarium ?
Je pense que oui, rien n’est jamais parfait, et il faut savoir mettre de l’eau dans son vin.

Que peut-il bien y avoir de si intéressant dehors qui me ferais prendre le risque de perdre tout ce que j’ai déjà ? 

Je ne serais même pas capable d’en sortir. Quoi qu’il en soit je ne le saurais jamais.

Il me semble n’avoir jamais connu qui que ce soit qui s’y soit aventuré.

Alors pourquoi moi irais-je ? Pourquoi réussirais-je ? 
Qu’y trouverais-je que je n’ai pas déjà ? Trop d’inconnues pour moi, trop de barrages
Non, non, vraiment, ce n’est pas pour moi.

Je tourne en rond dans mon aquarium, peut-être un peu trop tout de même.

Finalement, j’y suis enfermée et je ne peux qu’y rêver ma vie.
Ne mériterais-je pas mieux que ces parois de verre qui me donnent mauvais teint? 

J’ose maintenant penser qu’elles ne sont pas à ma mesure. Je suis contrite dans cette vase qui m’empêche de briller, je me suis fondue dans cette eau verdâtre.

ET SI JE N’AVAIS PAS PEUR ? 

Je sauterais ! Je sauterais bien sûr hors de cette prison de verre !

Si seulement j’osais … 

Je découvrirais forcement de nouvelles personnes, de nouvelles choses, de nouvelles expériences.

Mais j’ai peur car je ne connais que mon aquarium et je m’y suis habitué.

J’ai peur de perdre mes repères, mes (mauvaises) habitudes, j’ai peur de changer, j’ai peur de devenir quelqu’un d’autre.
Et je ne connais personne qui ait eu une telle audace. On raconte d’ailleurs que ceux qui en sont sortis ne sont jamais revenus… Je vois peut être trop grand…

J’ai peur…
J’ai peur mais je saute quand même…

J’ose 

J’ai osé sauter ! Moi ! 
J’ai osé aller au-delà des limites qui m’étaient imposées et de celles que je m’imposais à moi-même.

Je suis maintenant sans limite sans entrave, mon aquarium se trouvait au beau milieu d‘un vaste océan.

Je découvre cette étendue, je découvre l’étendue des possibles, je découvre que tout est possible.

Dehors je ne tourne pas en rond, j’avance, je ne sais pas où mais j’avance. 
Dehors je suis moi, j’ai la place d’être moi, je peux briller et m’accomplir.

Dehors, aucune idée n’est saugrenue, je ne fais que ce qui a du sens pour moi, je n’ai pas peur, je n’ai pas peur d’être moi.

Evidemment, ce n’est pas toujours un long fleuve tranquille, il y a des vagues, parfois des tempêtes, des remarques qui piquent comme du sel, mais j’avance je passe au-delà.

Je nage tel un poisson dans l’eau.

Je suis libre, je ne suis pas quelqu’un d’autre et je sais que tout est possible. 

Ne tournez plus en rond, n’ayez plus peur : il est grand temps de sauter dans le grand bain !

A très bientôt,

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SI J'OSAIS

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