Comment gérer le regard des autres quand on est multipotentiel ?

Cet article participe au carnaval d’article proposé par le blog Multipassionnés Epanouis sur le thème “Comment gérer le regard des autres?“. C’est un blog qui accompagne les personnes plurielles et multipassionnées à se construire une vie épanouie qui leur permettent d’être TOUT ce qu’elles veulent être. Je vous recommande l’article 3 techniques pour assumer ma multipotentialité dans un monde qui ne la reconnait pas.

Comment gérer le regard des autres quand ont est multipotentiel ?

Ben, on ne gère pas !

Non, trêve de plaisanteries, sinon vous allez refermer cette page internet illico presto.

1. Etre multipotentiel, qu’est-ce que c’est ?

Tout d’abord, un multipotentiel est une personne dont les intérêts s’étendent sur plusieurs domaines, plutôt que d’être spécialiste dans un seul.  Le multipotentiel est capable de mener des carrières parallèles ou successivement dans des domaines en apparence éloignés les uns des autres. C’est un créatif qui utilise un système de pensées en arborescence et non séquentiel.

Un multipotentiel a donc beaucoup d’idées (trop) sur beaucoup de choses. Il ne sait pas forcément comment toutes ces idées et ses connections lui viennent, il est très intuitif. Il se sent souvent incompris et différent.

On n’estime que 20 à 30% de la population serait concerné par la mulipotentialité qui se manifeste souvent par une grande curiosité, un goût pour la connaissance, une capacité d’apprentissage et de concentration hors norme (mais seulement si on est intéressé par le sujet) et une capacité d’associations et d’analogies non conventionnelles.

Le multipotentiel se distingue aussi constamment par son besoin de nouveauté et de prise de risque.

Vous vous reconnaissez ici ? Alors la suite vous intéressera certainement ?

2. Trop de vocation tue la vocation

« Et toi, qu’est-ce que tu veux faire dans la vie ? »

Cette question m’a posé beaucoup, beaucoup, beaucoup de difficultés.

En effet, de façon tout à fait spontanée et sincère, je pouvais répondre : architecte, écrivain, journaliste, wedding planer, coach, femme d’affaires, avocat d’affaires, juge pour enfant, détective privé, expert d’assurance, juriste, conseiller en gestion de patrimoine, professeur, chercheur, interprète, orthophoniste, architecte d’intérieur, organisatrice d’évènements, animateur pour enfants, agent immobilier.

Il n’y a pas de etc, parce que je ne change pas d’avis comme de chemise, non, c’est juste qu’il y avait 20 métiers que je voulais exercer.

Bon, on m’a très vite fait comprendre que ce n’était pas possible, on ne peut porter qu’une chemise à la fois et pas 20 en même temps.

coq instable

Comment ne pas passer pour un illuminé instable, non fiable, qui passe du coq à l’âne ?

3. Les (non) choix

Je me souviens encore très bien de Madame F…, la conseillère principale d’éducation qui m’a dit : « Va falloir réduire tes prétentions et aspirations ».

  • Architecte ? -> « Tes notes en maths ne sont clairement pas suffisantes » (En fait, j’étais nulle… et cela n’a pas beaucoup changé aujourd’hui…) ;
  • Interprète ? -> « Pas de bons résultats ni en anglais, ni en allemand, ni en espagnol… Mais pourquoi prendre trois langues ? En plus du latin ? »
  • Orthophoniste ? Là, c’est ma mère qui me dit avec bienveillance « Tu es sure ? Bon, si vraiment c’est ce que tu veux faire, on va voir comment on va s’arranger pour financer ». Non, je n’étais pas sure en fait, donc je ne voulais pas qu’elle s’arrange pour financer.

A ce moment là, je me suis dit que je n’étais bonne à rien faire parfaitement et que je n’avais aucune vocation particulière, j’étais une personne lambda.

Alors, je me suis comportée comme tel… Et j’ai changé ma façon de faire des choix, ou plutôt j’ai commencé à faire des non-choix…

J’avais d’excellents résultats en histoire, philosophie, et français ? Alors ce serait un baccalauréat littéraire pour moi.

Puis au moment d’entrer à la fac, j’ai compris que je n’avais pas assez de réseau pour être journaliste ou écrivain, que je ne serais jamais satisfaite de mon salaire en étant professeur ou animateur.

Donc je me suis inscrit en droit à l’université. Pas de sélection, études peu coûteuses, cela mène à beaucoup de choses et comme justement, je n’ai pas encore fait de choix de carrière, cela me permettait de repousser ce moment. Et surtout, pour les autres, cela semblait complètement cohérent, rationnel et sérieux.

A la fin de mes études, le miracle se produit ! On me propose un CDI alors même que je suis encore en stage de fin d’études ! Pas besoin de choisir, de réfléchir : Un CDI, ça ne se refuse pas. Je suis embauchée dans une entreprise qui prônait la sécurité de l’emploi. Parfait ! Je n’aurais peut-être jamais besoin de faire des choix ! Ma carrière est lancée, je suis comme tout le monde ! Enfin, en apparence…

4. Le regard des autres

Pendant mes 12 premières années de poste, j’étais un caméléon et c’est comme cela que j’ai géré le regard des autres.

Je me suis consacrée seulement à un seul emploi à la fois et éventuellement à une activité à coté. Tout le reste je l’ai mis de coté (en apparence).

Je n’allais pas commencer à raconter à tout le monde qu’il y avait plusieurs personnes dans ma tête qui voulaient toutes réussir dans la vie dans des domaines différents et que parfois elles se parlaient entre elles pour s’échanger des idées… que j’avais plusieurs centres d’intérêts et que je ne pouvais pas me consacrer à chacun d’entre eux.

Lorsque je discutais avec des personnes et que l’on me demandait ce que je faisais où ce que j’aimais, je répondais par l’une de mes passions ou activités qui pouvait correspondre à mon interlocuteur.

Je ne pouvais pas parler de tous ces sujets qui m’intéressaient au risque d’avoir l’air prétentieux. Je ne voulais pas non plus paraitre instable, incapable de m’investir, peu fiable, ou papillon.

Surtout que je me rendais compte qu’en m’intéressant à tous ces domaines, je n’étais réellement bonne dans rien. Je connaissais plein de choses sur tout. Mais aucun sujet complètement. J’étais persuadée de n’être qu’un imposteur. 

Et je me rendais compte que je pouvais passer du coq à l’âne de façon tout à fait naturelle et m’agacer ensuite du fait que les autres ne comprennent pas. Je pouvais faire des connections entre des domaines très différents, avoir l’impression de faire de formidables découvertes et ne pas comprendre ensuite pourquoi les autres ne faisaient pas les liens. Quant à mon sens de l’humour, une fois sur deux mes blagues tombent à plat…

Alors, je continue de faire le caméléon conforme, je me fonds dans la masse et je ne fais rien pour détonner.

Pendant les 12 premières années de ma carrière, je n’ai pas réellement trouvé de satisfaction dans un poste. Je m’enthousiasme, je m’y consacre à fond, j’obtiens des résultats et j’en ai marre. Alors j’ai changé, changé, et changé.

Un jour j’ai fais la liste de ce que je savais faire et de ce que j’avais aimé dans les différents postes que j’avais occupé et j’ai cherché mon nouveau métier. C’est à ce moment là que j’ai entamé ma reconversion professionnelle. J’avais enfin trouvé ma voix et je l’avais choisie !

Je me suis lancée à nouveau dans un parcours universitaire de 2 ans avec 2 enfants en bas âge (en finance cette fois ci, tout en sachant que mes capacités en maths n’avaient guère évolué…). J’ai démissionné et j’ai changé de poste. J’ai du réapprendre une nouvelle politique d’entreprise, un  nouveau métier, un nouveau secteur d’activité. Et pour la 1ère fois j’ai vraiment eu du mal au début, mais je voyais que cette fois-ci ce poste répondait à un plus grand nombre de mes centres d’intérêts.

Petit à petit, j’ai commencé à adorer mon métier et là je me suis dis … que j’allais tout arrêter pour faire du blogging !

Ben oui, on est multi ou bien on ne l’est pas !

« Mais pourquoi tu veux encore changer, tu n’aimes pas ? », « Non, j’aime bien, mais ce que j’aime encore plus c’est écrire … ».

Et là j’ai compris : Chassez le naturel, et il revient au galop…

Que faire ?

5. Comment gérer le regard des autres quand on est multipotentiel ? (Ou pas d’ailleurs…)

On s’accepte

Acceptez-vous telles que vous êtes. Au lieu d’essayer de faire des choix, essayez plutôt de faire des combinaisons. Cela tombe bien, vous êtes un as des connections entre ce qui n’a rien à voir !

Je suis maintenant clairement en phase avec moi-même.

J’aime mon métier de commercial et je m’y consacre pleinement car j’aime le contact avec les autres, rencontrer tous les jours de nouveaux clients, le challenge, me mettre à jour continuellement, apprendre et tester en permanence de nouvelles techniques de vente.

Je continue de blogguer parce que j’aime aussi écrire, lire, apprendre des tas de choses dans des tas de domaines et échanger et partager des idées.

Mais ce que vous faites, faites le bien. Toujours.

Ne cherchez plus à dissocier, mais tentez plutôt de reconstituer le puzzle.

On trouve des astuces

Alors oui, j’ai coché déjà pas mal des métiers de ma liste ci-dessus. Mais je ne pourrais pas tous les exercer… Souvent dans ses activités actuelles, on peut retrouver certaines missions qui vont nous en approcher. Par exemple, même si je n’ai jamais été détective privé, je me souviens avoir eu un goût pour la recherche de la fraude lorsque je travaillais encore dans l’assurance.

En fait, vous pouvez être ce que vous voulez puisque vous êtes multipotentiel !

On utilise l’actualité et les tendances

Là encore facile, puisque vous suivez beaucoup de choses en même temps !

En entretien d’embauche, j’avais énormément de mal à expliquer ma reconversion.

Et un jour la solution m’est apparue comme par miracle en regardant les informations. J’ai clairement dit en entretien, qu’ “avec la durée du travail qui s’allonge, il était normal pour des gens de mon âge d’envisager d’avoir le temps de se réaliser et de s’accomplir dans plusieurs carrières“. Et là, bingo ! 100% de mes entretiens réussis !

Vous n’êtes plus instable, vous vivez simplement avec votre temps !

On continue d’apprendre, toujours

Continuez toujours d’apprendre, parce que premièrement, vous ne pouvez pas vous en empêchez, deuxièmement pour rester dans la tendance (cf ci-dessus).

Peu importe si vous avez ingurgité des tas de connaissances dans des domaines qui n’ont rien à voir. Disons simplement que « qui peut le plus, peut le moins », et je n’ai jamais connu quelqu’un qui était gêné de connaitre trop de choses…

Continuez d’apprendre même si vous avez conscience que vous faites des connections parfois incompréhensibles pour les autres. Et j’ai une bonne nouvelle, les entreprises ont maintenant conscience de la force de ce genre de profil : Exit les articles sur cadremploi du style « Comment gérer les profils atypiques ? ».

La solution pour gérer le regard des autres quand on est multipotentiel ?

C’est donc de ne pas le gérer.

Lorsque vous êtes en phase avec ce que vous êtes et ce que vous faites, tous les éléments finissent par s’imbriquer. Vous trouvez des solutions, vous trouvez des astuces, vous trouvez des explications et même une logique et vous pouvez la partager aussi facilement que cela.

Faites bien ce que vous faites, faites des choses qui correspondent à vos valeurs. Cela devient si évident et naturel pour vous que ça le devient aussi pour les autres.

Quand on n’a aucun problème avec sa multipotentialité, que l’on l’utilise comme une force et non comme une forme d’atypisme, alors on ne se préoccupe plus du regard des autres et d’ailleurs, ce n’est plus un problème.

La vérité, c’est que j’ai toujours ma vingtaine de métiers dans la tête et que je vois que j’en ai déjà réalisé quelques uns… Bien plus que ce que pensait Madame F…

Je me demande bien ce qu’elle aurait dit à Léonard de Vinci* celle-là … “Ben non, mon petit Léonard, va falloir choisir…

signature

* Leonard de Vinci: peintre florentin, homme d’esprit, artiste, organisateur de spectacles et de fêtes, scientifique, ingénieur, inventeur, anatomiste, sculpteur, architecte, urbaniste,botaniste, musicien, poète, philosophe, et écrivain.

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